mardi 30 août 2011

Portrait de M. R***, sous le nom d’Iphis


Ce portrait, publié dans le fascicule d’avril 1756 du Mercure de France, est anonyme mais il est presque certain que Mme d’Epinay en est l’auteur… Il faut bien entendu reconnaître Jean-Jacques sous ce pseudonyme.

« Quoique les traits du visage d’Iphis ne forment pas ce qu’on appelle un bel homme, il a néanmoins beaucoup d’agrément dans la physionomie, surtout lorsqu’il est animé par quelque doux sentiment. Son âme passe alors dans ses yeux et fait disparaître l’air froid, et même un peu sombre qu’il a naturellement. Son teint est brun, ses sourcils et ses cheveux noirs, sa bouche, ni grande ni petite, est très bien bordée et d’un très beau coloris. Ses dents sont assez belles ; sa voix est touchante… Iphis est d’une taille au dessus du médiocre, assez fournie; mais il n’en tire pas tout l’avantage qu’il pourrait s’en promettre. Il se voûte un peu et laisse aller sa personne, sans songer comme tant d’autres à se donner un air de représentation… Iphis est dans cet âge heureux qu’il serait à souhaiter qu’on pût fixer, où les charmes de la jeunesse s’unissent, pour ainsi dire, avec les qualités solides de la maturité… Sa conversation est très amusante quand il est à son aise ; il peint les gens d’une manière fort plaisante et dit de très bonnes choses sans y rêver. Mais en grande compagnie, une honnête et modeste retenue, que les impudents nomment sottise ou mauvaise honte, cache la meilleure partie de son esprit et de ses connaissances. Ce beau nom, ce nom sacré d’ami {…} est pris et révéré par {lui} dans toute son étendue. Son goût le porte vers les femmes, mais c’est un goût épuré qui lui fait moins désirer de jouir que souhaiter être aimé. »


Quant à ce magnifique portrait de Mme d’Epinay, qu’on peut admirer au Musée d’Art et d’Histoire de Genève, il est l’œuvre de Jean-Etienne Liotard.

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