dimanche 31 août 2008

Deuxième entretien avec William della Rocca


- Après quarante représentations, quelles observations pouvez-vous déjà tirer de cette entreprise hors norme d’adapter à la scène les Confessions de Jean-Jacques Rousseau ?

La première est sans aucun doute que sa parole a un impact considérable sur celles et ceux qui sont venus l’entendre, et qui, le plus souvent, l’ont découverte grâce à ce spectacle, ce qui pour moi est déjà une raison d’être plus que satisfait de m’être engagé dans cette entreprise. Beaucoup sont sensibles à la grande beauté de la langue ainsi qu’à la finesse et à la profondeur de l’analyse. Certes, la sincérité de sa démarche laisse perplexes certains, mais la plupart sont touchés par cet homme auquel ils n’avaient jamais eu le courage de s’intéresser jusqu’alors, considérant comme rebutante la tonne de poussière qui, selon eux, recouvre son oeuvre, ou gardant un trop mauvais souvenir de la manière pas toujours passionnante dont elle leur a été présentée durant leurs études. A vrai dire, cela ne m’étonne guère car je considère, pour ma part, que ses écrits ne peuvent être réellement appréciés que lorsqu’on a déjà une certaine expérience de la vie, même si bien sûr il y a toujours des exceptions et que de jeunes gens peuvent être émus par Jean-Jacques Rousseau. Cela n’empêche qu’il semble qu’il y ait un réel problème quant à la manière dont depuis des années son oeuvre est transmise à la jeunesse.

- Comment se déroulent les représentations ?

Le nombre de spectateurs est habituellement limité à une vingtaine, ou davantage si le lieu le permet mais jamais plus de trente-cinq. Beaucoup de celles et ceux qui viennent m’écouter n’ont jamais assisté à un spectacle dans de telles conditions et beaucoup sont intimidés par ma présence, si proche, et par celles des autres spectateurs. Comme, de plus, je prends constamment le public à partie, que je m’adresse à lui tout au long du spectacle, que j’en fais mon partenaire en quelque sorte, j’ai souvent remarqué que cela peut troubler certaines personnes. Beaucoup n’osent pas réagir et rire par exemple, même si elles en ont envie, et je trouve cela un peu dommage.

- Pourquoi ?

Parce que l’énergie ne circule pas, et il me semble alors que le spectacle perd quelque chose d’essentiel. Un public attentif et réactif est une bénédiction dans des conditions comme celles-là car je suis tout de même seul face à lui pendant près de deux heures, je ne cesse de lui parler et de le prendre à témoin. Ses réactions ou son absence de réaction ont forcément un impact sur moi et donc sur le spectacle. Il est vrai que cette expérience est pour le moins paradoxale car il est tout de même rare au théâtre que le public soit plus intimidé que l’acteur. Je l’accepte, et si cela a pu me troubler un peu durant les premières représentations, j’arrive désormais à m’adapter à n’importe quelle situation et à n’importe quel public. Je n’ai pas croisé jusqu’à présent de personnes mécontentes d’être venues et c’est finalement tout ce qui compte.


1 commentaire:

marquise a dit…

bonjour,

je viens de découvrir l'existence de ce spectacle à tours alors qu'il est déja passé. reviendrez-vous dans cette ville? je serais très intéressée par ce spectacle.
merci.