mercredi 23 avril 2008

Projet d'affiche



JEAN-JACQUES
d’après Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau
adaptées et interprétées par William della Rocca

Une aventure théâtrale en douze épisodes
entreprise le 8 février 2007
et achevée le 28 juin 2012


L'astucieux montage ci-dessus est signé Natchah

mardi 22 avril 2008

Résumé du troisième épisode (1728 - 1730) + index des personnes citées & lexique

Sur un nouveau coup de tête, Jean-Jacques regagne Annecy - où sa bienfaitrice ne l'éconduit pas. La familiarité la plus douce s'établit alors entre Petit et Maman. Il faut trouver un état au jeune homme. Un séjour au séminaire lui apprendra vite qu'il n'est pas fait pour être prêtre. Mais il a du goût pour la musique, et s'attache au maître de musique de la cathédrale. L'accompagnant dans un voyage à Lyon, il abandonne en pleine rue le malheureux, victime d'une crise d'épilepsie. Ce sera son troisième aveu.
Jacques Voisine
Dictionnaire de Jean-Jacques Rousseau

Les représentations du troisième épisode ont débuté le 13 mars 2008


INDEX DES PERSONNES CITÉES DANS CET ÉPISODE

Jean-Claude Gaime (1692 – 1761), précepteur des enfants du comte de Mellarède, ministre de l’intérieur du roi de Sardaigne.

Ottavio Francesco Solaro, comte de Gouvon et marquis de Broglie (1648 - …), gentilhomme de la chambre du roi, ministre d’Etat, ancien ambassadeur en Suisse et en France, gouverneur du prince Amédée de Savoie-Carignan.

Maria Vassallo di Favria avait épousé Giuseppe Roberto, marquis de Breil, ambassadeur à Vienne depuis 1720 et fils aîné du Comte de Gouvon.

Carlo Vittorio di Govone, né d’un second mariage du comte de Gouvon, futur abbé de Santa Maria del Vezzolano, en 1743.

Carlo Giuseppe Solaro, comte de Favria, était le fils du marquis et de la marquise de Breil, petit-fils du comte de Gouvon.

Pauline Gabrielle de Breil (1712 - …), sœur du comte de Favria, elle épousera Cesare Alfieri di Sostegno.

François-Robert Mussard (1713 - 1777), peintre miniaturiste, établi à Paris dès 1735.

M. Bâcle, l’un des quatre fils du chirurgien Joseph Bâcle, probablement Etienne ou Pierre.

Anne-Marie Merceret (1710 – 1783), née à Salins. Sa mère était originaire de Fribourg, où la famille s’installera en 1730, et où elle mourut. Son père était organiste.

Claude Anet, né à Montreux en 1706, était le neveu du jardinier de M. de Warens ; on pense qu’il avait préparé sa fuite en même temps que sa maîtresse, et il se convertit le 26 mars 1726. Il était apprenti chez un menuisier de Chambéry établi à Annecy, chez qui il s’était engagé à loger, et il ne rentra donc chez Mme de Warens qu’en juin 1729.

Paul Bernard d’Eaubonne, né vers 1685, colonel des milices bernoises et châtelain de Morges.

Aimé Gros (1677 – 1742), natif de Gex. Le séminaire d’Annecy, fondé en 1633, était dirigé par les Frères de Saint-Lazare ou lazaristes.

Jean-Baptiste Gâtier (1703 – 1760), était originaire de Cluses, dans le Faucigny, terre du Duché de Savoie, et devint en 1750 curé de Saint-Pierre de Curtille.
Jean-Jacques a écrit : je fis des deux seuls Prêtres (M. Gaime & Gâtier) que j’eusse trouvés vraiment dignes d’attachement et d’estime l’original du Vicaire savoyard.

Jacques-Louis-Nicolas Le Maître, né en 1701 ou 02, maître de la musique du chapitre de la cathédrale Saint-Pierre de Genève résidant à Annecy.

Venture de Villeneuve

Louis-Emmanuel Reydellet (1692 – 1743), curé de Seyssel en 1712.


Lexique du Livre troisième

Ce livre couvre la période de décembre 1728 à avril 1730

Ce qu'elles voyaient n'était pas l'objet obscène, c'était l'objet ridicule : c'est à ses fesses que Jean-Jacques fait ici référence.

et ces idées tenaient mes sens dans une activité très incommode dont par bonheur elles ne m’apprenaient point à me délivrer : on croit très communément au XVIIIème siècle que la masturbation provoque de nombreuses maladies.

quoique sachant qu’elle n’était pas scrupuleuse : qu’elle n’était pas d’une grande exactitude en matière de morale.

Je les attisais par les plus extravagantes manœuvres : Jean-Jacques évoque ici son goût pour l’exhibitionnisme.

aux personnes du sexe : aux personnes qui appartiennent au sexe féminin.

de me délivrer bientôt et de leurs tricots et d’elles : diminutif de trique, bâton gros et court, ici, des manches à balais.

Il était jeune encore et peu répandu : il ne voyait pas beaucoup de monde.

il n’avait pas assez de crédit pour me placer : position sociale, ici, dans le sens de pouvoir.

mon génie ampoulé : forme d’esprit contraire au bon goût par exagération, manière de penser et de dire pleine d’emphase, ridicule pour traiter de choses communes.

il me mettait en chemin de devenir quelque chose : acquérir une position sociale.

des affaires virent à la traverse : firent obstacle.

Je ne m’oubliais point : je ne perdais point la conscience des différences des rangs et de mon devoir.

une petite fontaine de Héron : fontaine nommée d’après Héron d’Alexandrie, mathématicien grec du IIème siècle après J.-C. ; elle se compose de deux bassins et fait jaillir l’eau par compression.

La fontaine se cassa près de Bramant : Bramans, localité de Savoie, entre Lanslebourg et Modane.

Elle savait sur quel pied j’y étais : dans quelles conditions matérielles.

Sur la manière dont je devais correspondre : répondre par ses sentiments, par ses actions.

Mais on y trouvait la propreté : netteté, manière convenable dans les meubles.

Son domestique : terme désignant collectivement tous les serviteurs de la maison.

et voyant qu’ils anticipaient sur ses rentes : constituaient une dépense prise sur les recettes à venir.

Maman : le terme de « maman » semble avoir été en usage en Savoie à l’égard de la maîtresse de maison, mais le rapport est plus étroit pour Jean-Jacques qui parle d’elle comme de « la plus tendre des mères » et qui, devenu son amant, aura le sentiment de commettre un « inceste ».

Mes regards indiscrets n'allaient jamais furetant sous son mouchoir : pièce de linge qui cache la poitrine.

tandis qu’elle était à vêpres : heure de l’office, entre nones et complies, désignant l’office religieux du soir.

C’était un jeune abbé faucigneran : originaire du Faucigny, ancienne province des Etats sardes, qui constitue aujourd’hui une partie du département de la Haute-Savoie.

Il est singulier qu’avec assez de conception : faculté de comprendre les choses.

malgré tant de préjugés rebutants sur mon compte : le terme de « rebut » ou le verbe « rebuter », repousser avec rudesse, viennent fréquemment chez Jean-Jacques, comme illustration de la difficulté de ses relations en société. « Rebutant » a ici le sens de « capable de décourager ».

le bel et noble habit des chanoines : un habit bleu et rouge porté dans le chœur lors des offices.

les chasubles des prêtres : vêtement d’église en forme de manteau à deux pans que le prêtre revêt par-dessus l’aube et l’étole pour célébrer la messe.

les mitres … : haute coiffure triangulaire portée par les évêques, les abbés et anciennement par les chanoines.

… des chantres : qui est chargé de chanter lors de l’office.

le beau surplis fin : vêtement de lin, à manches larges, plissé, descendant à mi-jambes, porté à l’église par le prêtre ou un officiant.

pour un petit bout de récit : « nom générique de tout ce qui se chante à voix seule, ce mot s’applique même en ce sens aux instruments », Rousseau, Dictionnaire de musique.

forçait de vicarier pour passer son chemin : se disait des musiciens itinérants qui offraient leurs services dans les églises.

Il accueillit le jeune passager : qui ne s’arrête point dans un lieu.

de belles manchettes d’effilé : linge à franges, que l’on portait généralement en tenue de deuil.

qui n’allait pas gueusant : gueuser : faire son métier de demander l’aumône.

La haute-contre : la plus aiguë des voix d’homme.

on lui offrit sa partie à prévoir : étudier d’avance.

Cette gasconnade : vantardise ; les militaires gascons passaient pour hâbleurs.

Un bon préservatif contre cet excès : un bon moyen de se prémunir contre.

Seyssel : petite ville dans l’actuel département de l’Ain, à 35 km d’Annecy.

battre la campagne : dire beaucoup de choses inutiles.

Le maître de musique de Belley se fit honneur de ses meilleurs ouvrages : se faire honneur de quelque chose : s’en honorer, s’en parer. Le maître de musique de Belley fait jouer ses propres œuvres pour les soumettre à l’approbation de Le Maître.

Le Maître fut saisi d’une de ses atteintes : crise d’épilepsie.

J’écris absolument de mémoire, sans monuments : tout ce qui garde le souvenir, témoignages des actions passées.


Résumé du deuxième épisode (1728) + index des personnes citées & lexique

Un curé savoyard qui a recueilli le fugitif le recommande à Annecy à une nouvelle convertie, Mme de Warens. Celle-ci l’envoie à l’hospice des catéchumènes de Turin, d’où il sort catholique et essaie de trouver du travail. Ce séjour turinois, ponctué par d’innocentes amours, lui vaut d’être remarqué dans une maison noble, où il sert comme laquais, par des connaissances au-dessus de son état. Le vol d’un ruban, dont il accuse une servante, lui inspirera un durable remords ; c’est la seconde de ses confessions.
Jacques Voisine
Dictionnaire de Jean-Jacques Rousseau

Les représentations du deuxième épisode ont débuté le 4 octobre 2007


INDEX DES PERSONNES CITÉES DANS CET ÉPISODE

Benoît de Pontverre (1656 – 1733), d’une famille de Chambéry ; curé de Confignon de 1690 à 1732, auteur de nombreux libelles anti-protestants.

Françoise-Louise de La Tour de Pil ou de Peilz (1699 – 1762), née près de Vevey. Orpheline très jeune, elle reçut une excellente éducation et épousa à quatorze ans Sébastien-Isaac de Villardin, seigneur de Vuarens ou Warens ; à la suite d’entreprises peu heureuses, Mme de Warens quitta Vevey et son mari en 1726 pour la Savoie dans des conditions rocambolesques, et abujura le protestantisme. A Annecy, elle bénéficia d’une pension de 1 500 livres du roi Victor-Amédée et de l’évêque d’Annecy, et fut chargée d’accueillir les nouveaux convertis.

Monsieur et Madame Sabran

David Rival, horloger genevois, poète amateur apprécié de Voltaire.

Madame et monsieur Basile

Louise-Marie-Thérèse de Chabod Saint-Maurice (1669 – 1728), savoyarde, veuve depuis 1696 du comte Hippolyte de Vercellis. Elle habitait le Palais Cavour.

Giuseppe Ottavio della Rocca ou La Roque (+ 1773), futur gentilhomme de la Chambre du roi de Sardaigne ; il était le fils de Charles-Emmanuel Cacherano Osasco della Rocca qui avait épousé en 1687 la sœur cadette de la comtesse de Vercellis.

Les époux Lorenzini (et non pas Lorenzi) et Marie Pontal, leur nièce, domestiques de la comtesse de Vercellis.

Marion, cuisinière de la comtesse de Vercellis.


Lexique du Livre deuxième

Ce livre couvre la période de mars à novembre 1728

Confignon : village à six kilomètres au sud-ouest de Genève, appartenant alors au roi de Sardaigne. A l’époque, la Savoie n’était pas française.

l’hérésie de Genève : le calvinisme, considéré comme « hérésie », doctrine qui interprète mal les vérités établies par l’Église.

adorer les images : un des reproches que les protestants adressent aux catholiques, le respect que ceux-ci témoignent pour les représentations du Christ et de ses saints.

dire le rosaire : suite de prières adressées à la Vierge, constituée de quinze dizaines d’Ave Maria, chacune précédée d’un Pater.Les protestants critiquent le caractère mécanique de cette manière de prier.

une vieille dévote bien rechignée : de mauvaise humeur.

jeune prosélyte : se dit d’un nouveau converti, et en particulier à la foi catholique.

la médecine empirique : dans l’ancienne médecine, désigne un médecin qui ne suit pas la méthode ordinaire, c’est-à-dire hippocratique, et qui s’en tient à l’expérimentation des remèdes. Le terme a une connotation péjorative et est synonyme de charlatan.

magistères : (ou préparations magistrales) préparations pharmaceu-tiques d’origines minérales, auxquelles on attribuait des vertus particulières.

n’ayant jamais vu le monde : « le grand monde », la bonne société.

un gros manant : un rustre.

cathéchumènes : personne que l’on instruit pour la disposer au baptême.

mon petit viatique : provision ou argent que l’on donne à quelqu’un pour son voyage.

l’air grenadier : Un air et un maintien militaires.

Annibal : Célèbre général carthaginois (241-183 av. J.-C.) qui franchit les Alpes lors de la seconde guerre puniques contre les Romains.

Esclavons : habitants de l’actuelle Croatie, alors appelée Slavonie ou Esclavonie.

par une solennelle abjuration : fait de renoncer publiquement à une religion.

un petit magasin fort incommode : réserve d’arguments et de citations.

un cathéchisme plutôt qu’une controverse : le cathéchisme est un enseignement religieux et s’oppose à la controverse, débat sur des points de religion entre catholiques et protestants.

battait la campagne : se dit d’un discoureur qui dit beaucoup de choses inutiles et hors de son sujet.

baragouin franc : langage imparfait et corrompu. Se dit des langues étrangères que l’on n’entend pas. Il s’agit ici du sabir ou lingua franca, langue commune, faite d’italien et de français, en usage en Méditerranée.

je le crus atteint du haut-mal : crise d’épilepsie.

Can maledet ! brutta bestia ! : Maudit chien ! sale bête !

mercuriale : vive réprimande. Le terme vient de l’assemblée du Parlement qui se faisait le mercredi, mercurialis, et qui avait accoutumé de s’élever contre les abus de la justice ou de l’administration.

commettre l’honneur d’une maison sainte : au sens de « compromettre », exposer mal à propos.

l’Inquisition : Tribunal religieux statuant sur les questions de foi.

apostat : qui avait renié sa religion.

La femme d’un soldat qui retirait à un sou par nuit : donner asile, héberger.

un grabat : une couche.

Égisthe : ou Égiste, personnage de la tragédie grecque, amant de Clytemnestre et son complice dans le meurtre d’Agamemnon.

un jacobin : religieux de l’ordre des Dominicains.

l’aune de la boutique : bâton servant à mesurer les tissus. Cet instrument indiquerait que les Basile étaient marchands de tissus ou merciers.

sans se douter qu’il y eût à cela de la philosophie : Jean-Jacques donne au terme « philosophie » un sens péjoratif. A la fausse philosophie des « Lumières » et des salons français, il oppose une philosophie véritable qui ne se nomme pas, la constance de la Marquise de Vercellis, sa fermeté dans la souffrance.

je m’excusai sur le premier objet qui s’offrit : j’invoquai la première personne présente à mon esprit pour détourner sur elle l’accusation qui pesait sur moi.

la coulpe : du latin culpa, faute, dans l’acception religieuse du terme.


Résumé du premier épisode (1712 - 1728) + index des personnes citées & lexique


Les gravures qui illustreront les résumés de chacun des épisodes de Jean-Jacques sont signées Maurice Leloir et sont issues d'une superbe édition des Confessions parue au XIXème siècle.

Fils d’un horloger genevois et d’une mère morte en suite de couches, Jean-Jacques n’a que dix ans quand son père, après une altercation avec un officier, quitte Genève pour Nyon, laissant l’enfant à un oncle qui le met en pension chez un pasteur à la campagne. Une fessée administrée par la soeur du pasteur procure à l’enfant une expérience érotique dont l’aveu constitue la première de ses confessions. Entré ensuite en apprentissage à Genève chez un graveur, il est puni pour s’être laissé surprendre, au retour d’une escapade, par la fermeture des portes de la ville. Récidivant, il décide sur un coup de tête de chercher fortune dans le monde.
Jacques Voisine
Dictionnaire de Jean-Jacques Rousseau

Les représentations du premier épisode ont débuté le 8 février 2007


INDEX DES PERSONNES CITÉES DANS CET ÉPISODE

Jean-Jacques Rousseau est né le 28 juin 1712 à Genève. Il fut baptisé le 4 juillet et reçut les prénoms de son parrain, Jean-Jacques Valençon.

Isaac Rousseau (1672 - 1747), horloger descendant d’un Didier Rousseau, de Monthléry, établi en 1549 à Genève, où il fut reçu bourgeois en 1555. Il mourut le 9 mai 1747.

Suzanne Bernard, la mère de Jean-Jacques, naquit en 1673 ; elle était fille de Jacques Bernard, horloger, qui mourut alors qu’elle avait neuf ans ; elle fut confiée à son oncle, le pasteur Samuel Bernard ; celui-ci était son tuteur et non pas, comme l’écrit Jean-Jacques, son père. Elle mourut le 7 juillet 1712, neuf jours après la naissance de Jean-Jacques, d’une puerpérale.

Isaac et Suzanne se marièrent le 2 juin 1704.
Isaac s’est remarié avec Jeanne François, de Nyon, le 5 mars 1726.

Gabriel Bernard, né en 1677, épousa Théodora Rousseau en 1699.

François Rousseau, le frère de Jean-Jacques, naquit le 15 mars 1705. La date de son décès n’est pas connue.

Suzanne Rousseau (Tante Suson) (1682 - 1774) épousa en 1730 Isaac-Henri Gonceru, de Nyon.

Jacqueline Faramand (1696 - 1777), la mie de Jean-Jacques, fille d’un cordonnier.

En octobre 1722, Isaac Rousseau provoqua, dans une rue de Génève, le capitaine Pierre Gautier avec qui il s’était querellé en juin au cours d’une partie de chasse. Celui-ci, fier de sa supériorité sociale et de ses liens de parenté avec certains membres du gouvernement de la République, répondit “qu’il avait mis quelquefois l’épée à la main, mais qu’avec des gens de sa sorte, il ne se servait que de bâtons”. Isaac Rousseau riposta en le frappant de son épée à la joue. Il fut assigné à comparaître mais, dès le 11 octobre, il avait quitté la ville pour se rendre à Nyon, laissant ses fils à son beau-frère, Gabriel Bernard.

Abraham Bernard, le cousin de Jean-Jacques, né le 31 décembre 1711. Il quitta Genève pour l’Allemagne, peu après la fuite de Jean-Jacques ; on ignore la date de sa mort.

Jean-Jacques Lambercier (1676 - 1738) était pasteur de Bossey depuis 1708 et y vivait avec sa soeur, Gabrielle Lambercier, née en 1683.

Charlotte de Vulson, qui épousa en automne 1724 Jean-Pierre Christin, avocat et conseiller de la ville d’Orbe.

Mademoiselle Goton.

Le maître-graveur Abel Ducommun (1705 - 1771), établi dans l’actuelle rue de la Croix-d’Or. L’acte d’entrée en apprentissage de Jean-Jacques chez Ducommun date du 26 avril 1725.

François Verrat, graveur et compagnon graveur chez Ducommun.

La “fille Tribu” fut plusieurs fois poursuivie par le Consistoire de Genève en 1727 ; on l’accusait d’attirer chez elle des jeunes gens pendant les heures de catéchisme pour leur vendre des livres.

M. Minutoli, capitaine.


Lexique du premier épisode

Précision importante
ces notes ainsi que l’index des personnes citées
sont extraits des éditions des Confessions
de l’Imprimerie nationale, du Livre de poche et de la Pléiade

Ce livre couvre la période de juin 1712 à mars 1728

un homme dans toute la vérité de la nature : Mot et idée essentiels chez Rousseau qui a montré qu’il est difficile de distinguer dans l’homme d’aujourd’hui ce qui lui est propre par nature et ce qui provient de “l’état de société” dans lequel il vit.

Je sens mon coeur : Terme essentiel du lexique de Rousseau, avec sentir et âme ; il définit les vertus de l’homme naturel, s’opposant au raisonnement, mais riche d’une portée morale. Le problème de la connaissance de soi, qui se poserait en termes de raison, de psychologie, n’est pas ce qui importe le plus. Pour Jean-Jacques, c’est le sentiment immédiat qui fait preuve. La nature se découvre en sa vérité à qui a le privilège de sentir son coeur.

au moins je suis autre : Radicalement différent. Le projet des Confessions repose sur l’affirmation sans cesse répétée de la différence et de l’altérité.

quelque ornement indifférent : Des figures de style qui ne seraient pas le pur langage de la vérité, mais aussi qui donnent une version des faits plus favorables.

Un citoyen était un Genevois fils de bourgeois et né dans la ville : il jouissait de la totalité des droits civils et politiques dans la République, à la différence des bourgeois nés hors de la cité, qui n’avaient que des droits partiels, des natifs, nés à Genève de parents n’ayant pas le droit de bourgeoisie, des simples habitants et des étrangers. Les citoyens représentaient 1 800 personnes sur plus de 15 000 habitants.

Ministre : Pasteur protestant.

La Treille : Promenade publique sur les remparts de Genève.

Il voyagea sans fruit : Sans résultat.

Horloger du sérail : Horloger au service de la cour du sultan, et plus précisément de ses femmes.

le germe d’une incommodité : Il s’agissait d’une “rétention d’urine provenant d’un vice de conformation dans l’urètre et dans la vessie” ; Rousseau souffrait, comme Montaigne, de coliques néphrétiques. On a beaucoup épilogué sur cette maladie dont il souffrira toute sa vie. Il aurait été victime d’un empoisonnement progressif dû à l’urémie (Ensemble de manifestations pathologiques dues à l'accumulation dans l'organisme de produits azotés (en particulier de l'urée), en général liée à une insuffisance rénale grave), et que cet empoisonnement a finalement causé sa mort. Sa névrose même paraît du genre “urinaire”. Il est évident qu’une incommodité qui le tenait “éloigné des cercles” et l’humiliait par tous les soins qu’elle rendait indispensables, a contribué à noircir une imagination naturellement farouche. Les autres souffrances auxquelles Jean-Jacques fait allusion sont très probablement celles que lui apportaient l’injustice et la persécution, quand son état organique se sera amélioré.

ma mie : Diminutif d’amie : autrefois les enfants appelaient leur gouvernante ma mie.

Scaevola : Héros de l’histoire romaine. Pendant le siège de Rome par les Etrusques en 507 avant J.-C., Caius Mucius Scaevola pénétra dans le camp ennemi pour tuer le roi Porsenna, fit erreur sur la personne et poignarda l’un de ses officiers. Fait prisonnier, pour montrer sa résolution, il plongea sa main droite dans un brasier ardent (d’où son surnom de Scaevola le gaucher), affirmant que trois cents jeunes Romains avaient juré de tuer le roi Porsenna et viendraient accomplir ce à quoi il avait échoué.

à charger les autres : Attaquer.

Bossey : village situé à cinq kilomètres de Genève, dépendant du duc de Savoie pour le temporel et de Genève pour le spirituel.

la honte de manquer : Faire une faute.

je m’en affligeais et ne m’en mutinais point : Entêtement, obstination opiniâtre.

celle qu’on emploie indistinctement, et souvent indiscrètement : Mal à propos, à mauvais escient.

la punition des enfants : La fessée.

Tel est en moi l’empire de la bienveillance : La bonne volonté à l’égard de la personne aimée qui conduit à vouloir lui plaire.

Même après l’âge nubile : Après l’adolescence et l’affirmation des caractères sexuels.

malgré des effervescences de sang très incommodes : Terme de l’ancienne médecine ; désigne ici les élans incommodes du désir (autrement dit l'érection).

La servante avait mis sécher à la plaque les peignes : Niche située dans le mur de la cheminée de la cuisine et ouvrant sur la chambre contiguë.

Carnifex : En latin, bourreau.

à huit ou dix pieds : Environ 2,40 à 3 mètres.

encore en être : Existant encore.

Comme il destinait son fils au génie : Désigne l’art de fortifier, d’attaquer et de défendre les places et le corps des militaires qui l’exercent, des ingénieurs.

Euclide : Géomètre grec (IIIème siècle av. J.-C.). Ses Eléments, qui contiennent le fameux postulat d’Euclide, forment la base de la géométrie élémentaire.

Je l’eusse été de Mlle Goton en Turc : Les Turcs, qui enfermaient leurs femmes dans des harems, passaient pour être férocément jaloux.

elles ne laissèrent pas d’avoir aussi leur catastrophe : Dernier et principal évènement d’une tragédie.

Je savais mieux comment se faisaient les as romains : Unité de poids et de monnaie chez les Romains, devenue de valeur insignifiante, tel un sou.

il n’était pas fort ingambe : Alerte, léger.

Le Molard : Place de marché, proche de l’atelier de Ducommun.

L’usage de faire sortir de table les jeunes gens quand on y sert ce qui les tente le plus : Les apprentis n’avaient pas droit au dessert et devaient sortir de table avant la fin du repas.

si je ne devins pas un voleur en forme : Un véritable voleur.

être bien étrillé : Battu.

je lisais à la garde-robe : Dans les lieux les plus intimes.

mes hardes : Tout ce qui est de l’usage nécessaire et ordinaire pour l’habillement. Au XVIIIème siècle, ce terme n’est pas péjoratif.

Prêche : Prédication du pasteur au temple ; le prêche est l’équivalent protestant du sermon catholique.

les portes furent fermées avant que je pusse arriver : Par mesure de sécurité, on avait coutume de fermer les portes des villes fortifiées.

j’entends sonner la retraite : Signal qui annonce la fermeture des portes.

A vingt pas de l’avancée : Poste de garde avancé.

ces cornes terribles : Poste de garde à l’avant d’une citadelle.

je me jetai sur le glacis : Pente gazonnée de la contrescarpe ou du fossé des fortifications.

l’heure de la découverte : Ouverture des portes.

Il était, lui, un garçon du haut : Quartier de la ville haute, où habitait la bourgeoisie aisée.


lundi 21 avril 2008

Artistes impliqués dans le projet


William della Rocca

Adaptation du texte, mise en scène et interprétation

Il monte pour la première fois sur scène à Marseille, au début des années 80, et participe notamment à la création de l’Opéra des rats de Richard Martin et Léo Ferré. Installé à Paris, il contribue à la fondation de deux compagnies théâtrales avec lesquelles il va collaborer pendant plusieurs années. Il joue Molière, Jean-François Regnard, Edward Albee, Harold Pinter, Oscar Wilde, Max Jacob, Marivaux... Il est l’auteur de deux scénarios de long métrage qui forment un diptyque intitulé Dans le coeur de mon coeur, et le parolier de nombreuses chansons. Il crée sa propre compagnie : Bazarette théâtre et cinéma, en février 2007.

Contact : jeanjacquesetmoi@free.fr



Anne Rabaron
Réalisation du costume de Jean-Jacques

Après une formation en création textile-impression à l'École supérieure des arts appliqués Duperré de Paris, elle s'oriente vers le costume de spectacle. Depuis 1990, elle a assuré la création et la réalisation de plus d'une soixantaine de productions de théâtre, d'opéra, de danse contemporaine, de cirque, de chansons pour enfants, etc... Elle collabore régulièrement avec la Compagnie du Matamore, que dirige Serge Lipszyc, aux chorégraphies de la compagnie Carré Blanc-Michèle Dhall, aux créations de l'Opéra-Studio de Genève, dirigé par le chef d’orchestre Jean-Marie Curti. Elle a également réalisé la garde-robe de Tintin pour l'exposition permanente Moulinsart, d'après les dessins d'Hergé, au château de Cheverny. C’est sa deuxième collaboration avec William della Rocca, qu’elle a déjà habillé lors du spectacle Le Verger des Solitaires qui fut mis en scène par Anouch Paré et représenté au Musée national des Granges de Port-Royal au printemps 1993.

Contact : annerabaron@yahoo.fr


Entretien avec William della Rocca


- Pourquoi Jean-Jacques Rousseau ? Pourquoi Les Confessions ?


Je ne savais à peu près rien de Jean-Jacques Rousseau jusqu’à ce que j’aille voir au cinéma le film Etoile violette qu’a réalisé Axelle Ropert et où il en est grandement question. Là, dans l’une des premières scènes, on voit un des personnages dire l’introduction des Rêveries du promeneur solitaire. Ces paroles m’ont bouleversé car elles exprimaient parfaitement l’état dans lequel je me trouvais à ce moment-là. Je me suis promis alors de m’intéresser de près à cet écrivain dont j’ignorais tout. Je puis jurer que, dès lors, Jean-Jacques Rousseau n’a eu de cesse de se rappeler à moi, car dans les jours qui ont suivi je n’ai quasiment pas arrêté d’entendre parler de lui. Très sensible à ce que j’ai vite fait d’interpréter comme des signes, je suis donc allé m’acheter un exemplaire des Confessions, et sa lecture m’a procuré une émotion telle que la possibilité de l’adapter pour la scène s’est très rapidement imposée à moi. Je dois avouer que j’ai beaucoup de mal à comprendre pourquoi personne ne l’a fait avant moi car il me semble, et j’en ai eu la confirmation après les premières représentations que j’en ai données, que ce texte s’y prête parfaitement. Je n’ai d’ailleurs pas été étonné d’apprendre que Jean-Jacques Rousseau lui-même en a fait des lectures publiques. En fait, je constate que les gens qui ont lu ce livre sont finalement très peu nombreux, beaucoup en ont étudié des extraits lors de leurs études mais la plupart ignorent même de quoi il s’agit. Apparemment, on raconte à peu près tout et n’importe quoi sur Jean-Jacques Rousseau, les personnes qui le détestent semblent aussi nombreuses que celles qui lui vouent un culte sans égal. Cela est sans doute le prix de la sincérité, de la générosité et du courage dont il a fait preuve en offrant sa vie à ses semblables. Car ce qui nous semble banal aujourd’hui ne l’était certainement pas au 18ème siècle. Pour ma part, j’ai lu beaucoup de textes autobiographiques, mais aucun qui ait la force de celui-là, et l’empathie que j’éprouve pour son auteur ne fait qu’augmenter à chaque relecture.

- Qu’est-ce que la forme théâtrale peut apporter au texte ?

La vie, tout bêtement. Je crois aussi qu’elle permet à ceux qui n’ont jamais eu le courage, l’envie ou simplement la possibilité de lire ce livre de constater avec plaisir et étonnement combien la pensée de Jean-Jacques Rousseau est accessible et limpide, et surtout combien elle les touche, et les bouleverse même. Je fais partie de ceux qui pensent que le théâtre a un bel avenir devant lui car il sera peut-être bientôt le seul lieu où l’on pourra échapper à la virtualité qui envahit un peu plus chaque jour notre monde. Au risque de paraître pompeux, mon désir de porter les Confessions à la scène est un geste presque politique : celui d’affirmer, et de prouver, grâce à un petit spectacle sans moyens, qu’il existe une alternative au bourrage de crâne dont nous sommes victimes quotidiennement. Qu’y a-t-il de plus passionnant qu’un homme qui vient parler à ses semblables, et qui, sans esbroufe, par sa seule parole, les rend ainsi à eux-mêmes ?

- En quoi ce texte peut-il toucher la sensibilité contemporaine ?

Je pense que nous avons une grande soif d’authenticité, et le moins qu’on puisse dire est que les Confessions en regorge. De plus, je crois que nous sommes peut-être plus aptes que ne l’ont été bon nombre de ses contemporains à apprécier la valeur considérable du cadeau que nous a fait Jean-Jacques Rousseau. Je n’ai pas la prétention d’agir pour une quelconque réhabilitation d’une pensée qui semble aujourd’hui encore en déranger quelques uns, je souhaite simplement me mettre à son service et la faire entendre à des personnes pour qui elle va révéler de nouvelles possibilités. Et si je contribue de la sorte à rendre Jean-Jacques Rousseau un peu plus proche de ceux qui seront venus m’écouter, je serai pleinement satisfait.

Circonstances de la rédaction des Confessions


A partir de 1761, Jean-Jacques Rousseau est de plus en plus obsédé par la hantise d'un complot qui se trame contre lui. Si auparavant certaines de ses oeuvres, comme La Nouvelle Héloïse, ont connu un succès important, dès lors, tout change. Victime d'une sorte de paranoïa, l'écrivain est persuadé que tout le monde lui en veut. Il est vrai qu'il peut avoir quelques raisons de le penser.

En effet, ses écrits sont de plus en plus contestés avant d’être interdits. Menacé d'arrestation, Rousseau doit s'exiler en Suisse. C'est là qu'il décide d'écrire l'histoire de sa vie et qu'il rédige d'abord une ébauche de son portrait par lui même. En 1764, il est vivement mis en cause par Voltaire qui, dans un pamphlet anonyme, le Sentiment des citoyens, lui reproche principalement l'abandon de ses cinq enfants à l'assistance publique. De plus, il se croit gravement malade et pense qu'il va mourir sous peu. C'est dans ces circonstances défavorables qu'il entreprend, début 1765, la rédaction des Confessions.

L'état d'esprit de Jean-Jacques va se retrouver dans l'oeuvre et dans sa composition. Il existe ainsi un contraste assez net entre les six premiers livres et les six suivants. En 1771, l'oeuvre est achevée et Rousseau entreprend des lectures publiques, bien vite interdites. Réduit au silence, l'écrivain se résigne à une totale retraite, ce qui ne l'empêche pas d'écrire des textes consacrés à la défense de sa mémoire devant la postérité. Les Confessions seront publiées de façon posthume entre 1781 et 1788.

Cette oeuvre autobiographique, qui lui permet de répondre à certaines accusations, de se justifier par un livre d'une sincérité sans exemple, a des accents très modernes par l'importance qu'elle accorde à l'évolution psychologique.

J.E. Gadenne
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