dimanche 11 novembre 2012

Jean-Jacques par Jacques-Henri


" Lecteur, si vous trouvez ces détails frivoles, n’allez pas plus avant ; tous sont précieux pour moi, et l’amitié m’ôte la liberté de choisir. Si vous aimez à voir de près les grands hommes, et si vous chérissez dans un récit la simplicité et la sincérité, vous serez satisfait. Je ne donne rien à l’imagination, je n’exagère aucune vertu, je ne dissimule aucun défaut : je ne mets d’autre art dans ma narration qu’un peu d’ordre. Dans l’envie que j’avais de ne rien perdre de la mémoire de Rousseau, j’avais recueilli quelques autres anecdotes ; mais elles n’étaient fondées que sur des ouï-dire, et j’ai voulu donner à cet ouvrage un mérite étranger même aux meilleures histoires : c’est de ne pas renfermer la plus légère circonstance, que je n’en aie été le témoin, ou que je ne la tienne de la bouche même de Rousseau. "
Bernardin de Saint-Pierre (1737 - 1814)

Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre était âgé de trente-cinq ans lorsqu'il fit à Jean-Jacques Rousseau, lui-même sexagénaire, sa première visite. Il revenait tout juste d'un séjour de deux ans à l'île de France, aujourd'hui île Maurice. Leur amitié dura six ans, jusqu'à la mort de Jean-Jacques.

Cette amitié nous vaut le document le plus vivant sans doute et le plus direct qui nous soit parvenu sur l'auteur des Confessions, à la fois témoignage, interview et reportage. Les détails biographiques sont cependant quelquefois assez fantaisistes mais le tout est suffisamment émouvant, et drôle aussi, pour être digne d'intérêt.

C'est donc avec un grand plaisir que je vous lirai un large extrait de ce document, pour clôturer cette année 2012 où nous avons fêté le tricentenaire de Jean-Jacques Rousseau.

Cette lecture conclura également la longue série de représentations qui auront eu lieu au 175, rue Saint-Honoré, chez notre chère amie Agnès, qui nous a si généreusement accueillis, dans son petit théâtre particulier, durant ces six années, et il sera donc d'autant plus émouvant de penser que les faits relatés par Bernardin de Saint-Pierre ont eu lieu tout près de là, rue Plâtrière - aujourd'hui rue Jean-Jacques Rousseau - où ce dernier vécut plusieurs années avant son départ pour Ermenonville où il décédera le 2 juillet 1778.

La lecture des Anecdoctes de la vie de Jean-Jacques Rousseau par Bernardin de Saint-Pierre aura lieu trois soirs consécutifs : 

les jeudi 6vendredi 7 et samedi 8 décembre à 20 heures, chez Agnès Brabo, rue Saint-Honoré à Paris.

Pour réserver, ce qui est absolument indispensable, 
il faut appeler le 06 24 56 08 53
ou envoyer un courriel à jeanjacquesetmoi@free.fr



mardi 6 novembre 2012

Ecrire sa vie... à Ambérieu-en-Bugey


Ambérieu-en-Bugey est le siège de l’Association Pour l’Autobiographie (APA). Celle-ci conserve, au sein de la médiathèque municipale, plus de 2500 textes et journaux intimes.

Depuis 2009, la manifestation Écrire sa vie propose au public ambarrois des animations autour de l’écriture de soi.

L'édition 2012 célèbrera, tout naturellement, Jean-Jacques Rousseau, dont on fête cette année le tricentenaire, et j'ai le grand honneur d'y participer en présentant les deux premiers livre des Confessions les vendredi 9 et samedi 10 novembre.






vendredi 26 octobre 2012

La Faute à Rousseau, la revue...

Voici un long entretien, retranscrit par Sylvie Jouanny et Elisabeth Legros-Chapuis, dans la belle et riche revue de l'Association Pour l'Autobiographie (A.P.A.), la bien nommée " Faute à Rousseau ". J'en profite pour remercier chaleureusement cette association et son président, Philippe Lejeune, pour leur soutien indéfectible à mon projet. Bonne lecture !
NB : pour pouvoir lire correctement cet article, je vous conseille, une fois encore, de le copier sur votre bureau.




jeudi 18 octobre 2012

Môtiers

Mon marathon genevois s'achève demain soir, vendredi, mais j'aurai le grand honneur de jouer samedi à Môtiers, dans le canton de Neufchâtel. Sur les lieux-mêmes où la majeure partie du douzième et dernier livre des Confessions se déroule.



mercredi 3 octobre 2012

Retour à Genève...



Je reviens dès la fin de la semaine prochaine à Genève terminer mon cycle de représentations des douze livres des Confessions, commencé au printemps dernier, à la Maison de Rousseau et de la Littérature, sise dans la maison même où Jean-Jacques a vu le jour.

Voici le calendrier de ces représentations :

- Samedi 13 octobre : 07ème livre

- Dimanche 14 octobre : 08ème livre

- Mardi 16 octobre : 09ème livre, 1ère et 2ème parties

- Mercredi 17 octobre :  10ème livre

- Jeudi 18 octobre : 11ème livre

- Vendredi 19 octobre : 12ème et dernier livre

Elles débutent toutes à 18h30.

Le 16 octobre, il y aura un entracte d'une heure entre les deux parties du 9ème livre, qui durent chacune 1h30 environ.


jeudi 27 septembre 2012

Au Panthéon


J'ai eu le grand honneur hier, mercredi 26 septembre 2012, de dire à quelques mètres du tombeau du vrai Jean-Jacques Rousseau, le premier livre de ses Confessions. Ce fut une représentation privée, destinée à un groupe d'élèves du prestigieux lycée Henri IV, tout proche, et à quelques jours de la clôture de la superbe exposition Rousseau et les arts, qui demeurera pour moi la plus réussie de toutes celles qui ont eu lieu en cette année de commémoration.



mercredi 12 septembre 2012

"Rousseau est comme un ami que je veux défendre"


Voici la traduction de l'article paru dans le journal néerlandais Trouw (voir reproduction plus bas).
Cette traduction est signée Robert Egeter van Kuyk, que je remercie profondément, et a été rendue possible par l'intervention inspirée de mon cher ami Sylvain Savard, que je remercie de tout coeur également. 

"Rousseau est comme un ami que je veux défendre"

L'acteur William della Rocca est tellement fasciné par le philosophe Jean-Jacques Rousseau qu'il sait déclamer par coeur les 256.000 mots de son oeuvre Confessions. "Il y en a qui me prennent pour un jukebox : poussez le bouton et vous entendez du Rousseau." L'acteur William della Rocca (49 ans) secoue la tête, assis dans la maison de naissance de Rousseau (1712-1778) dans la Grand'Rue au vieux centre de Genève. Dans un instant il changera son jeans pour des culottes XVIIIe siècle, couvrir avec une perruque les quelques cheveux qui lui restent sur la tête, et lire, comme Rousseau, le douzième et dernier livre des Confessions. Disons plutôt : déclamer, par coeur, comme il a déclamé les onze livres antérieurs au cours des six années passées. Parfois il raccourcit les textes et en fait un 'spectacle' de deux heures. Mais aujourd'hui au tricentenaire de la naissance de Rousseau il parachève son travail. Comme les musulmans qui savent réciter le Coran tout entier, le Parisien Della Rocca récite les Confessions - remarquons que l'autobiographie de Rousseau a trois fois la longueur du Coran: quelque 256.000 mots.

Della Rocca est animé de Rousseau. Vit Rousseau, mais n'est pas un jukebox. "Oh, je ne peux pas déclamer un passage quelconque, comme ça, il faut bien que je me prépare. Il faut une bonne ambiance, car il m'arrive parfois de perdre le fil si je ne peux pas me concentrer parce que le public ne se tait pas, par exemple." Mais voyons, comment fait-il pour maîtriser une si grande quantité de texte ? "Bon, il s'agit d'entrainement et le style de Rousseau m'y aide beaucoup. Il est rythmé, moi j'ai une mémoire auditive et je lis le texte à haute voix, écoute ses sonorités, la musicalité du texte. C'est ainsi que je le maîtrise. Donc si je me trompe, je m'en aperçois immédiatement comme si je faisais une fausse note au piano."

Il n'en finira jamais, dit Della Rocca. "Je ne cesse de relire, me replonge dans le texte, souvent en prenant une douche j'en déclame des pages, parfois je ne peux penser à rien d'autre et alors il faut que je me dise: arrête!"

Il y a six ans il fit la connaissance de Rousseau par un film. "J'en étais pris au dépourvu. Jusque-là je ne savais rien de lui, et encore moins des préjugés qui existent sur sa personne et son oeuvre. Avec une franche innocence je me suis mis à lire les Confessions et j'étais perdu. Reconnaître les similarités de nos biographies ..... la mère de Rousseau mourut à sa naissance; il devait sa vie à la mort de la mère et son père n'a jamais cessé de le lui rappeler, créant ainsi ce sentiment de culpabilité qui l'a formé par la suite." Della Rocca se tait, se reprend. "Moi aussi j'ai perdu ma mère dès un jeune âge et j'en garde toujours un trou, un vide en moi que ne pourrait ressentir que celui qui a eu la même expérience ...." L'oeuvre de Rousseau résonne de cette perte de sa mère, dit Della Rocca. "Au-dessus de tout il cherchait la réunion, la fusion avec quelqu'un d'autre, recherche qui se soldait par un échec. Dans ses Confessions il se met à poil, il s'ouvre sans réserve, et c'est ce qui me touche tellement. En lui, je reconnais la complexité de celui que je suis, moi."

Souvent on dit Rousseau hypocrite. Ce n'est pas juste, dit Della Rocca. "Une telle critique vient le plus souvent du côté de personnes qui ne l'ont jamais lu. Quant à moi, je suis convaincu qu'il est honnête, sincère. Mais j'admets - je ne suis plus guère partie neutre quand il s'agit de Jean-Jacques, il est comme un ami que je veux défendre. Il est inévitable de l'aimer quand on le lit avec attention!"